Un Klapisch, c’est toujours bon à prendre, me disais-je avant de me rendre à ma séance de Ma part du gâteau, dernier film en date du réalisateur des excellents Riens du tout, Un air de famille et L’auberge espagnole (entre autres).
Ma part du gâteau, c’est l’histoire d’une ouvrière dunkerquoise dénommée France (oh quelle subtile allégorie), qui se retrouve au chômage après la fermeture de son usine. A la recherche d’un emploi de femme de ménage, elle est embauchée par un trader, individu détestable qui se trouve être responsable de la faillite de son entreprise.
La première partie du film qui expose les deux protagonistes principaux se partage, avec un succès tout relatif, entre un semi-mélo à la Ken Loach (qui s’amorce sur la tentative de suicide de Karin Viard, ça pose l’ambiance) et une wallstreeterie à la française (dont Gilles Lellouche commence à avoir l’habitude).
Malgré le mauvais tour que prend d’entrée le film, Karin Viard et Gilles Lellouche s’en sortent plutôt bien dans leurs rôles respectifs de gentille maman prolo et d’infâme businessman sans foi ni loi. Les scènes avec Karin Viard sont d’ailleurs teintées d’un ton parfois léger qui laisse place à des moments de drôlerie assez plaisants. A tel point que sa première rencontre avec le personnage de Gilles Lellouche donnerait presque envie de voir la suite du film. Et c’est ce que j’ai fait cher lecteur.
Erreur, car, dès lors, Klapisch délaisse complètement l’aspect comique de son sujet pour jouer à fond la carte du drame social. Les traders sont d’infâmes salauds ou simplement de sombres abrutis incapables d’évaluer la portée de leurs actions sur les petites gens. C’est le message que Klapisch veut passer, tellement simpliste et caricatural qu’on finit vite par s’en lasser.
On passera donc une bonne heure à subir le complexe de supériorité de l’affreux Gilles Lellouche sur la pauvre Karin Viard, contrainte de priver ses enfants de son retour au bercail hebdomadaire pour rester jouer avec le fils pourri gâté de son employeur. On assistera à une surprise-partie surréaliste où traders puants et PDG méprisants exhibent leur médiocrité sans aucune retenue, et surtout ne disent jamais merci aux gentilles dames qui servent les petits fours. On a envie de dire, oui oui Cédric, d’accord oui oui, on a bien compris que ces gens-là sont la lie de l’humanité, ça va aller maintenant.
Enfin c’est sur un final complètement improbable mais assez étonnant, il faut bien l’avouer, que s’achève Ma part du gâteau. Je ne suis pas du genre à dévoiler la fin du film, mais pour celui-là je m’autoriserais juste à dire que la lourdeur et le peu de subtilité avec laquelle elle est amenée éclipse presque totalement une morale assez pessimiste mais pas si stupide, dont la relative finesse manque à tout le reste du film.