Serge, dit Mammuth (Gérard Depardieu) part en retraite et se rend compte qu’il lui manque certains documents pour toucher entièrement sa retraite. Sa femme Catherine (Yolande Moreau) le pousse à reprendre sa vieille moto, une Münch Mammuth, pour partir en quête de cette paperasse auprès de ses anciens employeurs.
Dès la première séquence, le ton est donné, le film s’ouvre sur un pot de retraite et surtout un discours du chef de service criant et hilarant de réalisme. Pas de doute, on est toujours dans la veine naturaliste de Aaltra et l’inspiration humoristique de Louise-Michel, les mecs de Groland n’ont pas changé. Gérard Depardieu et Yolande Moreau, dans un registre inhabituellement modéré, sont parfaits en couple de petit vieux ébranlé face à leur nouvelle situation, et on est presque triste du départ de Mammuth sur sa moto éponyme tant on a envie de voir le duo évoluer ensemble.
Finalement on n’y perd pas au change car le voyage de Mammuth est l’occasion de croiser sur son chemin un défilé de personnages tous plus barges les uns que les autres. Après une succession de sketches plus ou moins inspirés, portés par les guests désormais habituels (Benoît Poelvoorde, Siné, Bouli Lanners) et d’autres tout aussi savoureux (Anna Mouglalis, Albert Delpy, Dick Annegarn), les gags se raréfient, et si l’atmosphère reste gravement décalée, l’émotion s’installe, en particulier quand Mammuth fait la rencontre de sa nièce arriérée voire semi-folle, un personnage à la fois inquiétant et terriblement touchant.
Le film puise alors toute sa force dans la poésie qui se dégage de leur relation, une émotion toujours ponctuée de syncopes trash qui fait que le film ne tombe jamais dans le trop-plein émotif, sauf peut-être lors des apparitions hallucinatoires d’Adjani en fantôme de l’ancien amour de Mammuth, un peu artificielles, qui alourdissent plus la narration qu’autre chose.
Voilà donc un road-movie atypique, drôle et poétique, qui donne à Depardieu un rôle qui lui manquait depuis longtemps, celui d’un type simple, presque normal, mais pas pour autant ordinaire.