Critique : Les amours imaginaires, de Xavier Dolan

Les amours imaginaires, c’est l’histoire de deux amis, garçon et fille, qui tombent amoureux du même garçon (le frisé de l’affiche).

De ce point de départ tout bête, Xavier Dolan se plaît à montrer la concurrence tacite de ces deux amis, leur inconfort face à cet amour insatisfait, l’une multipliant les tentatives infructueuses, l’autre se laissant déprimer tranquillement, préférant éluder ses sentiments. C’est un point de vue intéressant, d’autant que les interprètes sont au niveau. Malheureusement le réalisateur canadien se perd en route.

Tentant de se démarquer par une mise en scène audacieuse, Xavier Dolan se complait dans le ralenti esthétisant sans aucune nécessité, paraît très fier de sa bande son hétéroclite et multiplie les références à ce qui paraissent être ses modèles (Gus Van Sant, Gregg Araki et autres réalisateurs jeunistes). On s’en amuse au début, puis cela devient ennuyeux, puis agaçant. Cependant on ne pourra pas lui reprocher sa photographie et ses couleurs, qui sont superbes.

 
Coupes de cheveux post-modernes + ralenti + Dalida = auto-caricature de Xavier Dolan

Sur le fond, même si Dolan traite son thème sans aucune nouveauté (Barthes avait déjà écrit tout ça dix ans avant sa naissance), il réussit souvent à en faire quelque chose de drôle, notamment grâce à Monia Chokri, son excellente actrice principale, et lors de longues séquences d’interviews parsemées tout au long du film, indépendantes de l’histoire mais liées à son sujet, universel, les amours contrariées.

Dommage que l’on s’ennuie aussi souvent que l’on rit, dans ce film qui souffre d’un certain manque d’humilité de son auteur. L’esthétique est là, il manque le fond.