Les maillons faibles de l’humour français

Bonjour cher lecteur,

Pour aujourd’hui j’ai décidé de dresser la liste des 23 plus mauvaises comédies du cinéma français ces dernières années. Et j’ai décidé d’en désigner les responsables. Ceux qui sont toujours là quand le film est nul à chier. Ceux dont on finit par se dire « Quoi ? _________ est dedans ? … Bon on va voir autre chose. »

Les voici, les voilà, les MAILLONS FAIBLES DE L’HUMOUR FRANÇAIS.

(cliquer sur l’image pour voir cette superbe infographie sous son meilleur jour)

Deux semaines de cinéma : 7 films à voir (ou pas)

Pendant que d’autres festoient à Cannes, moi je vais voir des films. Y en a eu pour tous les goûts depuis début mai, l’occasion d’un petit résumé des forces en présence.
ENTER THE VOID de Gaspar Noé
Les dernières heures d’un dealer, puis la vie après la mort selon Gaspar Noé. Après un générique incroyable, la première heure est brillante. C’est bien troussé, visuellement du jamais vu et le son extrêmement bien géré.
La deuxième heure, alternance de flashbacks et de travellings vertigineux, est un peu plus poussive, Noé répétant sans cesse le même schéma travelling arrière, déformation de l’image, plongée dans une source de lumière (ou un trou), puis deux minutes d’images épileptiques (goût prononcé pour les stroboscopes) accompagné dans la salle de la sortie d’un ou deux spectateurs. Mais malgré sa longueur, cette partie centrale du film jouit d’un certain entrain qui nous laisse facilement hypnotisé devant ces images inhabituelles. On ne peut pas en dire autant d’un final d’une niaiserie insigne, sous des dehors porno-grandiloquents, dont on ne saisit absolument pas la cohérence avec le reste du film. En tout cas, que Noé ait quelque chose à dire ou pas, finalement, peu importe, l’expérience mérite d’être vécue, au moins pour la moitié du film.
Le meilleur générique de l’an 2010, sur une musique de LFO
AMES EN STOCK de Sophie Barthes
Pitch : Paul Giamatti (qui joue son propre rôle) a des idées noires. Pour y remédier il se débarrasse de son âme, responsable de ses maux, en faisant appel à une entreprise spécialisée. Dans le même temps, une actrice ratée cherche à voler l’âme de grands acteurs américains pour pouvoir obtenir un rôle dans un soap-opera.
Empruntant énormément à Dans la peau de John Malkovich, et de manière générale à toute l’oeuvre scénaristique de Charlie Kaufman, Sophie Barthes livre un film drôle et inventif, beaucoup moins tarabiscoté que ceux de son modèle. L’avantage : moins prise de tête (remember Synecdoque New York), l’inconvénient : peut-être moins profond et de fait, oublié aussitôt. Une bonne surprise néanmoins, et un Giammatti admirable, comme d’habitude.
« Just because it’s small it doesn’t mean anything. »
DANS SES YEUX de Juan José Campanella
Un ancien avocat écrit un roman d’auto-fiction racontant une période de sa vie marquée par une affaire de meurtre pas encore tout à fait résolue, et une relation implicite entretenue avec l’une de ses collègues.
L’Oscar 2009 du meilleur film étranger est un thriller à la fois calme et haletant, limpide mais très subtil dans son rapport entre les personnages et techniquement très maîtrisé (cf. la vidéo ci-dessous, premières images d’un plan-séquence de folie à la moitié du film). Un film parfois drôle, parfois très sombre, à la tonalité assez singulière.
Petit bémol : le film se termine sur une sorte d’énorme pavé dans la mare lâché comme si de rien n’était et complètement négligé dans la conclusion du film, qui nous fait nous demander si tout ce que l’on a vu auparavant a vraiment un sens.
La suite de cette séquence ébouriffante est à voir dans toutes les bonnes salles de cinéma.

LES GRIFFES DE LA NUIT de Samuel Bayer
Ben voilà c’est le remake de Freddy, le même méchant, la même histoire, le même concept. Malgré de nombreuses failles scénarististiques (par exemple la blague du mec qui a sur son site perso une vidéo dans laquelle il se fait buter) et un déroulement de l’intrigue on ne peut plus classique, le film remplit son office : ça fait peur, c’est gore, c’est drôle. Jackie Earle Haley (le Rochschach de Watchmen) remplit son rôle de méchant avec conviction, le film avance à bon rythme, on ne s’ennuie pas, et le slash final est assez démentiel (applaudissements nourris du public à la fin de ma séance). Voilà donc un bon Freddy qui ne pourra que ravir les amateurs du genre débile-mais-flippant.
N’ayant pas en ma possession d’extrait des Griffes de la Nuit, voici un extrait d’une oeuvre
tout aussi captivante, Le Monde Vivant, d’Eugène Green
LOLA de Brillante Mendoza
Lola en philippin ça veut dire grand-mère (en tout cas c’est ce que j’ai compris en lisant les sous-titres).
Pitch : quelqu’un se fait tuer dans la rue. Le film raconte les chemins croisés des grand-mères respectives du meurtrier et de la victime, les jours suivant le drame. C’est contemplatif, c’est beau parfois, triste souvent, mais c’est surtout assez long, trop long. Le film marche au rythme de ces vieilles dames que l’on voit déambuler l’une après l’autre dans de longues séquences impassibles, qui ne manquent pas de grâce et d’une certaine charge émotionnelle, mais assez propices à l’ennui. Les deux actrices sont évidemment excellentes et leurs rares confrontations sont les grands moments du film, justes et émouvants. Rien à ajouter. Et pas d’extrait.
ROBIN DES BOIS de Ridley Scott
Le Robin des Bois de Ridley Scott est très décevant, et ce dès la première apparition de Russell Crowe. A voir ce Robin Longstride bourrin et antipathique vociférer de sa voix de baryton au milieu du champ de bataille, on irait jusqu’à regretter le Franck Dubosc sautillant du Cinéman de Yann Moix. Le film n’est qu’une succession de batailles interminables entre Anglais et Français, on ne sait jamais très bien quand, ni où, ni pourquoi. Et on ne comprend jamais qui est ce monsieur joufflu qui troque son arc et ses flèches contre une épée en tout début de film sans véritable raison. On retrouve bien ce cher frère Tuck ou cette brave Marianne mais on ne voit pas très bien leur utilité dans l’histoire, pas plus que celle des flash-backs nous rappelant au passé de Robin dont on se fout éperdument. Bref, j’ai pas trop aimé (sauf le générique final qui est pas mal).
Voilà.
L’AMOUR C’EST MIEUX A DEUX de Dominique Farrugia et Arnaud Lemort
Le navet sympathique de la semaine. Arnaud Lemort et Dominique Farrugia tentent tout pour faire rire tout le monde, tout le temps, avec plus ou moins de réussite (plutôt moins). L’invective grossière (« ta gueule ! » ah ah ah), le gag au 3ème degré (drôle parce que tellement nul : « si on me dit pas tout je réponds patate »), le jeu de mot pourlingue (« je m’appelle Ariel et je suis homo »), le comique de situation complètement invraisemblable (oh vous avez du chewing gum sur votre pantalon !) voire en dernier recours le show individuel (hélas c’est Clovis Cornillac qui s’y colle). Heureusement, certains seconds rôles comme Laurent Lafitte parviennent parfois à s’extirper de la médiocrité générale du film. Au final c’est plutôt dynamique, on ne s’ennuie pas, mais on ne rit pas beaucoup.
Une tentative de blague subversive au début du film (sur les handicapés houlala). Ca n’ira pas plus loin.

J’ai aimé Tout ce qui brille !

Eh oui, Tout ce qui brille m’a surpris. Après avoir vu la bande-annonce de ce film, j’ai tout de suite détesté Géraldine Nakache, Leila Bekhti, le numéro grotesque de Audrey Lamy, toutes les blagues m’ont consterné, j’ai trouvé que la seule phrase prononcée par Manu Payet (« T’es relou hein ! ») sonnait affreusement faux. Sans parler de cette reprise d’une chanson de Véronique Sanson complètement superflue. Aucune envie de voir ce navet donc.

Et puis finalement, il n’y a rien de bien excitant au cinéma en ce moment, alors quand vient l’heure du choix, on se dit que les films les moins chiants sont en général les comédies. Avec un peu de chance, on rit à deux ou trois blagues et on a gagné sa soirée. Alors on choisit Tout ce qui brille, de Géraldine Nakache, sans le moindre espoir, presque la mort dans l’âme.

Puis le film commence, et nous raconte l’histoire de deux amies originaires de Puteaux qui s’incrustent dans des soirées chics pour changer d’environnement et intégrer des milieux plus aisés, et somme toute, on s’attache assez vite aux deux héroïnes, mais pas trop : elles restent quand même niaises, puériles, grossières et un peu connes.

Et c’est la où est la force du film à mon sens : dans son réalisme, j’ose même dire son humanité, qui transparait en particulier dans les scènes de famille, rares mais bien dosées. Les seconds rôles sont particulièrement soignés, notamment celui de Nanou Garcia qui joue la mère de Géraldine Nakache, et évidemment celui d’Audrey Lamy, assez convaincante en prof de sport au verbe chatoyant. Du reste, Manu Payet n’est pas si mauvais que ça non plus, à mon grand étonnement. Pour ce qui est de la vanne, pas de souci à se faire, les dialogues sont réussis et la plupart des gags sont drôles, en tout cas jamais vulgaires.

En revanche, on ne coupe pas à l’épisode mélodramatique à base de t-as-changé-je-suis-plus-ta-pote, ce qui nous vaut des répliques du style « mais t’es une merde en fait » ou encore « je meurs à l’instant si un jour j’te reparle », une situation qui nous vaut également une piètre scène de colère toute rouge signée Leila Bekhti, ainsi qu’une bonne demie heure de film assez ennuyeuse, le temps de résoudre la brouille.

Le deuxième gros défaut du film réside dans la faiblesse des personnages de « riches » interprétés par Virginie Ledoyen entre autres, pour le moins caricaturaux. La sus-nommée fait l’effet d’un personnage totalement égoïste, antipathique, doublé d’une mauvaise mère, et lesbienne pour couronner le tout (pourquoi ?). Le personnage du tombeur incarné par Simon Buret est également un peu léger, on ne saisit jamais très bien quelle est sa problématique, pourquoi il est si désagréable et accessoirement ce que le personnage de Leila Bekhti peut bien lui trouver (ça c’est un avis personnel). Tout cela est probablement une façon d’asséner un message sous-jacent là où il n’est pas forcément nécessaire, alors que le film s’en serait très bien sorti dans un registre purement comique.

Tout ce qui brille reste malgré tout une bonne surprise, dans une période où les bonnes comédies à la française se font de plus en plus rares, et j’encouragerai désormais tout un chacun à ne pas se fier à la nullité d’une bande annonce pour décider d’aller voir un film ou non (sauf pour L’Arnacoeur).