Le revival du minimalisme

Depuis quelques mois, des graphistes du monde entier se sont engouffrés dans une brèche ouverte par un certain Albert Exergian. En novembre dernier, l’artiste autrichien publiait sur son blog une série de posters adaptés de l’univers de plusieurs séries TV. Pour chacune, il réussit à capter un élément-clé et à créer un poster résumant parfaitement la série. Le minimalisme appliqué à la culture populaire, une idée brillante, assez pour que tout le monde se l’approprie.

Visiblement inspiré par les travaux d’Exergian, un autre graphiste répondant au nom d’Hexagonall transpose le concept au cinéma et avec nettement moins de talent et d’intelligence, publie une série d’affiches inspirées de films cultes. Contrairement à son prédecesseur, ces travaux relèvent plus de l’imposture que du génie, voire même du plagiat, l’ami Albert s’est d’ailleurs fendu lui-même d’une petite mise au point sur son blog, en image.

Et quand un autre jean-foutre arrive pour nous présenter ses affiches follement originales, on se dit que finalement, le minimalisme c’est chiant. Mais juste pour rigoler, jetons un oeil à ces créations pas terribles signées Pedro Vidotto…

En revanche, des gens plus inspirés réussissent à sublimer le principe, comme un certain Pascal Monaco, qui transforme l’essai en trip artistico-ludique réunissant 35 évocations de films dans une vidéo de deux minutes assez bien foutue.

Le concept s’étend aussi à d’autres domaines. Par exemple Ty Lettau s’amuse à réviser les pochettes mythiques de Kiss, AC/DC ou autres Pink Floyd pour en tirer de sympatiques pastiches. Mais pas de quoi se relever la nuit.

Les geekos du monde entier ne sont pas en reste. Pas question que nos idoles les super-héros soient oubliées et il n’a pas fallu longtemps pour que le site Screen Rant se charge d’y aller de son plagiat, appliqué à nos héros favoris. Ca donne quoi ? Une série de posters rigolos tout plein mais toujours à cent lieues des affiches d’Exergian.

Enfin on peut saluer la créativité de 10 minutes à perdre et Supergazol qui tout en surfant sur la vague, gardent l’esprit lol en proposant leur vision minimaliste et fun de quelques personnages de jeux vidéos.

Le jeu c’est de retrouver qui ça représente (le premier c’est Mario). Marrant non ?

Et pour les plus geeks d’entre nous, un spécial Street Fighter

Tout ça pour dire que le buzz est déjà fortement érodé. Alors quand Canal+, toujours au top de la hype, débarque avec une nouvelle campagne de pub basée sur trois affiches pas top, chacune agréémenté d’un jeu de mots laid, on a un peu envie de dire merde.

J’en appelle donc aux sociologues de l’art (si ça existe) pour répondre à cette question « Où est passé la créativité dans ce monde de brutes ? ».

Top 10 des super morceaux pervertis par la pub

Il était une fois, je regardais la télé. C’était la pub. Effondré sur un canapé, je laissais passer sous mon regard indifférent des images successivement cocasses, attrayantes, ineptes. L’éternelle greluche de chez Bourgeois avait tout juste terminé de parler de ses aisselles quand soudain, des harmonies familières me sortirent de ma torpeur.
Mais oui… cette mélodie… c’était bien lui… Amon Tobin ! Le dieu de la musique, mon idole : écouter un de ses morceaux, fermer les yeux, laisser place à une douce mais intense rêverie, laisser se déployer un imaginaire tout entier de lui-même, sans effort, par la seule puissance de l’excellence rythmique, harmonique, artistique, cela ne se produira plus. Désormais chaque fois que j’entendrai ce titre, Four Ton Mantis, c’est à une unique chose que je penserai : la Nissan Qashqai. A la fin du morceau, j’irai me coucher, désabusé, et je pleurerai sur mes draps ces années révolues où la musique d’Amon Tobin était encore immaculée. Et je penserai à mon rêve brisé, mes visions fantasmagoriques supplantées par celle d’une triste voiture grise, ma vie ruinée par Nissan.

Cette fois c’en était trop, je pris la résolution de lister les plus grands détournements télévisuels qu’ont dû subir des oeuvres musicales majuscules dans l’unique objectif de vendre des forfaits internet, des voitures en promo, des journaux de droite ou des rasoirs jetables. Quitte à devoir entendre ces morceaux à un endroit où on ne les attend pas, les voici aujourd’hui, maintenant et ici-même, dans le top 10 des super morceaux détournés, spoliés, dénaturés, pervertis par la publicité. A noter que la plupart des spots qui en sont issus sont plutôt intéressants à regarder, mais c’est pas une raison.

1. AMON TOBIN – Four Ton Mantis (Nissan Qashqai)
Puissance intrinsèque du morceau : 200 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 30 W

2. ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA – Mr Blue Sky (SFR)
Puissance intrinsèque du morceau : 80 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 140 W

3. DIMITRI CHOSTAKOVITCH – Suite Jazz n°2, Valse n°2 (CNP)
Puissance intrinsèque du morceau : 100 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 80 W

4. ENNIO MORRICONE – L’Estasi Dell’Oro (GDF Suez)
Puissance intrinsèque du morceau : 110 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 40 W

5. DJ SHADOW – Mongrel Meets His Maker (Bouygues Telecom)
Puissance intrinsèque du morceau : 60 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 80 W

6. PHILIP GLASS – Pruit Igoe (BMW)
Puissance intrinsèque du morceau : 90 W
Niveau de martelage de l’annonceur : 40 W

7. RÖYKSOPP – So Easy (Club Internet)
Puissance intrinsèque du morceau : 60 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 70 W

8. VENUS – Beautiful Days (Le Figaro – Peugeot)
Puissance intrinsèque du morceau : 70 W
Puissance de martelage des annonceurs : 50 W

9. WIM MERTENS – Often A Bird (L’artisanat)
Puissance intrinsèque du morceau : 70 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 50 W

10. ANDREAS JOHNSON – Glorious (Nutella)
Puissance intrinsèque du morceau : 50 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 70 W