Top 10 des super morceaux pervertis par la pub

Il était une fois, je regardais la télé. C’était la pub. Effondré sur un canapé, je laissais passer sous mon regard indifférent des images successivement cocasses, attrayantes, ineptes. L’éternelle greluche de chez Bourgeois avait tout juste terminé de parler de ses aisselles quand soudain, des harmonies familières me sortirent de ma torpeur.
Mais oui… cette mélodie… c’était bien lui… Amon Tobin ! Le dieu de la musique, mon idole : écouter un de ses morceaux, fermer les yeux, laisser place à une douce mais intense rêverie, laisser se déployer un imaginaire tout entier de lui-même, sans effort, par la seule puissance de l’excellence rythmique, harmonique, artistique, cela ne se produira plus. Désormais chaque fois que j’entendrai ce titre, Four Ton Mantis, c’est à une unique chose que je penserai : la Nissan Qashqai. A la fin du morceau, j’irai me coucher, désabusé, et je pleurerai sur mes draps ces années révolues où la musique d’Amon Tobin était encore immaculée. Et je penserai à mon rêve brisé, mes visions fantasmagoriques supplantées par celle d’une triste voiture grise, ma vie ruinée par Nissan.

Cette fois c’en était trop, je pris la résolution de lister les plus grands détournements télévisuels qu’ont dû subir des oeuvres musicales majuscules dans l’unique objectif de vendre des forfaits internet, des voitures en promo, des journaux de droite ou des rasoirs jetables. Quitte à devoir entendre ces morceaux à un endroit où on ne les attend pas, les voici aujourd’hui, maintenant et ici-même, dans le top 10 des super morceaux détournés, spoliés, dénaturés, pervertis par la publicité. A noter que la plupart des spots qui en sont issus sont plutôt intéressants à regarder, mais c’est pas une raison.

1. AMON TOBIN – Four Ton Mantis (Nissan Qashqai)
Puissance intrinsèque du morceau : 200 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 30 W

2. ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA – Mr Blue Sky (SFR)
Puissance intrinsèque du morceau : 80 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 140 W

3. DIMITRI CHOSTAKOVITCH – Suite Jazz n°2, Valse n°2 (CNP)
Puissance intrinsèque du morceau : 100 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 80 W

4. ENNIO MORRICONE – L’Estasi Dell’Oro (GDF Suez)
Puissance intrinsèque du morceau : 110 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 40 W

5. DJ SHADOW – Mongrel Meets His Maker (Bouygues Telecom)
Puissance intrinsèque du morceau : 60 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 80 W

6. PHILIP GLASS – Pruit Igoe (BMW)
Puissance intrinsèque du morceau : 90 W
Niveau de martelage de l’annonceur : 40 W

7. RÖYKSOPP – So Easy (Club Internet)
Puissance intrinsèque du morceau : 60 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 70 W

8. VENUS – Beautiful Days (Le Figaro – Peugeot)
Puissance intrinsèque du morceau : 70 W
Puissance de martelage des annonceurs : 50 W

9. WIM MERTENS – Often A Bird (L’artisanat)
Puissance intrinsèque du morceau : 70 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 50 W

10. ANDREAS JOHNSON – Glorious (Nutella)
Puissance intrinsèque du morceau : 50 W
Puissance de martelage de l’annonceur : 70 W

Tête de Turc : peut mieux faire

J’ai tort de lire la presse avant d’aller voir les films. Quand je vois cité le nom de James Gray dans les critiques de la première réalisation de Pascal Elbé, je me prends parfois à espérer (après avoir ri un bon coup quand même) et finalement je suis déçu.

Un jeune turc des banlieues (Samir Makhlouf), galvanisé par ses camarades, se pique d’envoyer un cocktail molotov sur la voiture d’un honnête médecin (Pascal Elbé). Aussitôt pris de remords, alors que ses acolytes ont tous déguerpi, le plaisantin tire des flammes sa propre victime. Son geste lui vaut de recevoir la médaille du mérite alors qu’un de ses amis est accusé à tort d’avoir lancé le projectile. Le frère du médecin, joué par Roschdy Zem, mène l’enquête.

Cela pourrait être un bon point de départ si ne venaient s’inviter à la fête une ribambelle de personnages secondaires plus ou moins inutiles : par exemple l’accident de Pascal Elbé l’empêche d’aller soigner une femme qui en profite pour mourir dans les bras de son mari (Simon Abkarian). Dès lors, l’essentiel des apparitions à l’écran du jeune veuf consistent à une interminable méditation sur un quai de gare brumeux, comme pour réfléchir à la fin qu’il pourrait bien donner au film (sans vouloir spoiler, on la devine très facilement au bout d’un quart d’heure).

Le problème du film est là. Elbé ne semble pas savoir quel film raconter, multiplie les personnages, et bascule sans arrêt entre la chronique sociale, le thriller pur, le drame familial, voire le film choral à la Collision (ce n’est pas là où il est le meilleur). Au final, point d’enquête fiévreuse, point de suspense haletant, aucun des personnages n’est vraiment fouillé si ce n’est celui de Roschdy Zem, convaincant dans son rôle de flic au bout du rouleau.

Au delà du simple concept du film, tout cela est traité avec une naïveté assez déconcertante. Personnellement, j’ai beaucoup de mal à croire à ce personnage de banlieusard qui caillasse les flics le lundi, fait faire ses devoirs à son petit frère le soir même, l’emmène à l’école le mardi (en n’oubliant pas son goûter), puis se prend une baffe de sa maman le mercredi sans broncher (faut dire qu’il faut pas la faire chier Ronit Elkabetz, excellente dans le film). La scène de la voiture sous la pluie entre les deux frères confrontant leurs opinions politiques divergentes m’a semblé également d’une lourdeur infinie, tout comme l’ensemble des scènes de dialogues entre jeunes, plutôt très mal jouées. La faute aussi à des dialogues un peu faiblards voire invraisemblables.

« Si j’étais toi je détalerais avant que j’aie fini ma cigarette » (sic)

Pour clore le tableau, je ne mentionnerai pas la caricature de maire qui passe son temps à tenter d’étouffer l’affaire et raconter des banalités à la télé, ni l’inévitable bluette turco-arménienne qui donne l’occasion au film de se terminer sur une sorte de happy end à la fois rocambolesque et sidérante de niaiserie, mais pas tout à fait happy, et qui pour toutes ces raisons mérite le coup d’oeil.

Bon côté du film : une image soignée et une mise en scène sobre, mais c’est pas ça qui m’empêchera de le déconseiller.

Top 10 des explosions de tête au cinéma

Depuis l’avènement du cinéma gore américain dans les années 60, l’explosion de tête est devenue au fil des années un incontournable du film de genre. George Romero ayant montré la voie dans les années 70 en massacrant ses zombies à coups de violentes décapitations (entre autres), désormais chacun trouve toujours sa bonne raison de faire éclater une tête au détour d’une séquence, dans une gracieuse effusion rougeoyante. Et les idées ne manquent pas. La preuve en images :

1. SCANNERS (David Cronenberg, 1980)
Cause de l’explosion : surtension télépathique
Note technique : 6.0
Note artistique : 6.0

2. L’AMIE MORTELLE (Wes Craven, 1986)
Cause de l’explosion : mauvaise réception d’un ballon de basket
Note technique : 5.5
Note artistique : 6.0

3. CHOPPING MALL (Jim Wynorski, 1986)
Cause de l’explosion : attaque de robot-laser
Note technique : 5.0
Note artistique : 4.5

4. DEADLOCK (Stuart Chapin, 1997)
Cause des explosions : bombes à retardement montées en colliers
Note technique : 5.0
Note artistique : 4.5

5. RIKI-OH, THE STORY OF RICKY (Ngai Kai Lam, 1991)
Cause de l’explosion : prise d’arts martiaux très efficace
Note technique : 4.0
Note artistique : 5.0

6. ZOMBIE (George A. Romero, 1978)
Cause de l’explosion : coup de fusil furtif mais précis
Note technique : 4.5
Note artistique : 4.5

7. DOGMA (Kevin Smith, 1999)
Cause de l’explosion : intervention divine
Note technique : 5.0
Note artistique : 4.0

8. THE BORROWER (John McNaughton, 1991)
Cause de l’explosion : inconnue (sauf si on a vu le film, ce qui n’est pas mon cas)
Note technique : 5.0
Note artistique : 3.5

9. PULP FICTION (Quentin Tarantino, 1994)
Cause de l’explosion : coup de revolver accidentel
Note technique :
Note artistique : 5.0

10. MARS ATTACKS (Tim Burton, 1996)
Cause de l’explosion : intolérance à la musique country
Note technique :
Note artistique : 5.0

J’ai aimé Tout ce qui brille !

Eh oui, Tout ce qui brille m’a surpris. Après avoir vu la bande-annonce de ce film, j’ai tout de suite détesté Géraldine Nakache, Leila Bekhti, le numéro grotesque de Audrey Lamy, toutes les blagues m’ont consterné, j’ai trouvé que la seule phrase prononcée par Manu Payet (« T’es relou hein ! ») sonnait affreusement faux. Sans parler de cette reprise d’une chanson de Véronique Sanson complètement superflue. Aucune envie de voir ce navet donc.

Et puis finalement, il n’y a rien de bien excitant au cinéma en ce moment, alors quand vient l’heure du choix, on se dit que les films les moins chiants sont en général les comédies. Avec un peu de chance, on rit à deux ou trois blagues et on a gagné sa soirée. Alors on choisit Tout ce qui brille, de Géraldine Nakache, sans le moindre espoir, presque la mort dans l’âme.

Puis le film commence, et nous raconte l’histoire de deux amies originaires de Puteaux qui s’incrustent dans des soirées chics pour changer d’environnement et intégrer des milieux plus aisés, et somme toute, on s’attache assez vite aux deux héroïnes, mais pas trop : elles restent quand même niaises, puériles, grossières et un peu connes.

Et c’est la où est la force du film à mon sens : dans son réalisme, j’ose même dire son humanité, qui transparait en particulier dans les scènes de famille, rares mais bien dosées. Les seconds rôles sont particulièrement soignés, notamment celui de Nanou Garcia qui joue la mère de Géraldine Nakache, et évidemment celui d’Audrey Lamy, assez convaincante en prof de sport au verbe chatoyant. Du reste, Manu Payet n’est pas si mauvais que ça non plus, à mon grand étonnement. Pour ce qui est de la vanne, pas de souci à se faire, les dialogues sont réussis et la plupart des gags sont drôles, en tout cas jamais vulgaires.

En revanche, on ne coupe pas à l’épisode mélodramatique à base de t-as-changé-je-suis-plus-ta-pote, ce qui nous vaut des répliques du style « mais t’es une merde en fait » ou encore « je meurs à l’instant si un jour j’te reparle », une situation qui nous vaut également une piètre scène de colère toute rouge signée Leila Bekhti, ainsi qu’une bonne demie heure de film assez ennuyeuse, le temps de résoudre la brouille.

Le deuxième gros défaut du film réside dans la faiblesse des personnages de « riches » interprétés par Virginie Ledoyen entre autres, pour le moins caricaturaux. La sus-nommée fait l’effet d’un personnage totalement égoïste, antipathique, doublé d’une mauvaise mère, et lesbienne pour couronner le tout (pourquoi ?). Le personnage du tombeur incarné par Simon Buret est également un peu léger, on ne saisit jamais très bien quelle est sa problématique, pourquoi il est si désagréable et accessoirement ce que le personnage de Leila Bekhti peut bien lui trouver (ça c’est un avis personnel). Tout cela est probablement une façon d’asséner un message sous-jacent là où il n’est pas forcément nécessaire, alors que le film s’en serait très bien sorti dans un registre purement comique.

Tout ce qui brille reste malgré tout une bonne surprise, dans une période où les bonnes comédies à la française se font de plus en plus rares, et j’encouragerai désormais tout un chacun à ne pas se fier à la nullité d’une bande annonce pour décider d’aller voir un film ou non (sauf pour L’Arnacoeur).

Mon mois de mars en musique

Retour de deux pointures pop, découverte d’un groupe inconnu qui le restera sûrement et french-touch des années 2010.

Gorillaz – Stylo (Plastic Beach)

MGMT – Flash Delirium (Congratulations)

Pretty Lights – Still Rockin (Making up a Changing Mind)

Fortune – Highway (Staring at the Ice Melt)

Sinon, ça c’est pas vraiment de ce mois-ci mais j’avais envie de le mettre aussi, et comme je fais ce que je veux sur mon blog, prends-toi ça :
François de Roubaix – La scoumoune

(qu’ils sont jolis ces players… on arrête pas le progrès)