Bilan cinéma 2011 : mes mini-tops de l’année

On ne change pas une équipe qui gagne, donc j’ai décidé de faire comme l’an dernier pour dresser le bilan de cette belle année de cinéma qu’a été 2011. Je ne vous embête pas plus longtemps avec ma prose frivole, et C’EST PARTI POUR LES MINI-TOPS.

LES FILMS

Les films qu’on attendait au tournant, et qui sont EFFECTIVEMENT méga-bien
1. MELANCHOLIA, de Lars Von Trier
2. LA PIEL QUE HABITO, de Pedro Almodovar
3. POLISSE, de Maïwenn
4. TRUE GRIT, de Joel & Ethan Coen
5. MISSION : IMPOSSIBLE, PROTOCOLE FANTOME, de Brad Bird

Les films vachement bien alors que sur le papier, bof
1. THE TRIP, de Michael Winterbottom
2. FIGHTER, de David O. Russell
3. LE HAVRE, de Aki Kaurismäki
4. L’EXERCICE DE L’ETAT, de Pierre Schoeller
5. INTOUCHABLES, de Olivier Nakache & Eric Toledano

Les suites/remakes/prequels/reboots bien bien pourris de l’année
1. TRON : L’HERITAGE suite chiante de TRON (1982)
2. X-MEN, LE COMMENCEMENT prequel grotesque de X-Men (2000)
3. JOHNNY ENGLISH 2 suite logique de JOHNNY ENGLISH (2003)
4. LA PLANETE DES SINGES, LES ORIGINES prequel nul de LA PLANETE DES SINGES (1968)
5. TRANSFORMERS 3, LA FACE CACHEE DE LA LUNE suite sans intérêt de TRANSFORMERS – LA REVANCHE (2009)

Les meilleurs films en 5 lettres de l’année
1. PATER, de Alain Cavalier
2. DRIVE, de Nicolas Winding Refn
3. RANGO, de Gore Verbinski
4. SHAME, de Steve McQueen
5. 50/50, de Jonathan Levine

Les films chiants de l’année, mais chiants, houlala
1. IL ETAIT UNE FOIS EN ANATOLIE, de Nuri Bilge Ceylan
2. ATTENBERG, de Athina Rachel Tsangari
3. NI A VENDRE NI A LOUER, de Pascal Rabaté
4. NEVER LET ME GO, de Mark Romanek
5. DETECTIVE DEE, LE MYSTERE DE LA FLAMME FANTOME, de Tsui Hark

Les films où j’ai failli lâcher ma larmichette dis-donc
1. LA GUERRE EST DECLAREE (la scène où tout le monde apprend la nouvelle, putain, snif)
2. POLISSE (le gosse qui pleure pendant 4h30 dans les bras de JoeyStarr, putain, snif)
3. LES NEIGES DU KILIMANDJARO (Ariane Ascaride qui pleurniche en repassant les chemises de JP Darroussin, putain, snif)
4. INTOUCHABLES (les petits morceaux de piano tout tristes, ça marche à tous les coups, putain, snif)
5. MELANCHOLIA (cette fin du monde, mes aïeux, j’en sanglote d’émerveillement, putain, snif)

Les films devant lesquels j’ai bien dormi, ou alors j’étais à deux doigts
1. HARA KIRI, MORT D’UN SAMOURAI (pendant tout le film)
2. SUCKER PUNCH (pendant une heure environ)
3. NEVER LET ME GO (par phases de 10 minutes toutes les 20 minutes)
4. TRANSFORMERS 3, LA FACE CACHEE DE LA LUNE (au bout d’une heure, j’ai piqué du nez, alors je suis parti)
5. DETECTIVE DEE, LE MYSTERE DE LA FLAMME FANTOME (somnolence permanente)

Les titres de films les plus sots de l’année
1. LE CHAT POTTE, de Chris Miller
2. LA NOUVELLE GUERRE DES BOUTONS, de Christophe Barratier
3. LE FILS A JO, de Philippe Guillard
4. HALAL POLICE D’ETAT, de Rachid Dhibou
5. BEUR SUR LA VILLE, de Djamel Bensalah

Les comédies franchouilles plutôt pas mal de l’année
1. INTOUCHABLES, de Olivier Nakache et Eric Toledano
2. LOW COST, de Maurice Barthelemy
3. BIENVENUE A BORD, de Eric Lavaine
4. CASE DEPART, de Lionel Steketee, Fabrice Eboué et Thomas N’gijol
5. LE SKYLAB, de Julie Delpy

Les comédies franchouilles pitoyables de l’année
1. HALAL POLICE D’ETAT, de Rachid Dhibou
2. LA CROISIERE, de Pascale Pouzadoux
3. ITINERAIRE BIS, de Jean-Luc Perréard
4. HOLLYWOO, de Frédéric Berthe
5. BEUR SUR LA VILLE, de Djamel Bensalah

LES GENS

Les actrices de l’année
1. NATALIE PORTMAN (Black Swan) – mais depuis, je suis beaucoup moins amoureux d’elle
2. KRISTEN WIIG (Mes meilleures amies) – sans elle, ce film serait probablement pourri
3. CHARLOTTE GAINSBOURG (Melancholia) – la méga-classe, comme d’hab
4. SALMA HAYEK (Americano) – meilleure pole dance et meilleur petit accent mexicos de l’année
5. ARIANE ASCARIDE (Les neiges du Kilimandjaro) – plus-belle-la-vie-style mais en bien

Les acteurs de l’année
1. VIGGO MORTENSEN (A dangerous method) – best Freud ever
2. ALAIN CAVALIER (Pater) – encore meilleur que Lindon
3. STEVE COOGAN (The trip) – my new BAPF (best actor préféré forever)
4. JEAN-PAUL ROUVE (Low cost) – rôle à César, prestation à Oscar
5. OLIVIER GOURMET (L’exercice de l’état) – qu’on lui trouve un poste de ministre

Les actrices nulles de l’année
1. MARILOU BERRY (La croisière) – beau travail d’équipe avec Charlotte de Turckheim et Antoine Duléry
2. FLORENCE FORESTI (Hollywoo) – le même gag répété à l’infini pendant 1h30 (« but alors you are french ? »)
3. LEILA BEKHTI (Toi moi les autres) – en plus elle chante (mal)
4. KATERINA GRAHAM (Honey 2) – malgré une belle street-gestuelle (comme ça un peu)
5. MARIA DE MEDEIROS (Ni à vendre ni à louer) – pas aidée par ses dialogues

Les acteurs nuls de l’année
1. FRED TESTOT (Itinéraire bis) – qui prend l’accent corse pendant dix minutes, puis finalement non
2. RAMZY BEDIA (Halal police d’état) – l’accent kabyle, plus jamais ça
3. BENJAMIN BIOLAY (Pourquoi tu pleures) – qui joue comme il chante (c’est à dire, pas fort)
4. SEAN PENN (This must be the place) – mais look intéressant
5. ANDRE WILMS (Le Havre) – personnage sympathique au demeurant

Les caméos de l’année
1. JEAN-PIERRE MOCKY, dans Americano
2. JEAN-CLAUDE VAN DAMME, dans Beur sur la ville
3. STEVEN SPIELBERG, dans Paul
4. BEN STILLER, dans The Trip
5. DAVID BYRNE, dans This must be the place

Les meufs limite nervous breakdown, mais choupi quand même
1. CELINE SALLETTE (L’apollonide) nervous breakdown stade 4 – choupi rating : 9
2. EMMA STONE (Crazy Stupid Love) nervous breakdown stade 1 – choupi rating : 9
3. SALMA HAYEK (Americano) nervous breakdown stade 2 (big up Lionel Chamoulaud) – choupi rating : 8
4. KIRSTEN DUNST (Melancholia) nervous breakdown stade terminal – choupi rating : 7
5. BRIT MARLING (Another Earth) nervous breakdown stade 4 – choupi rating : 7

Les meilleurs montrages de sein, de teubi, ou de tout autre élément anatomique inhabituel
1. [j’ai pas retrouvé le nom de l’acteur], dans Bon à tirer (la scène du sauna)
2. KIRSTEN DUNST, dans Melancholia (la scène d’ouverture, en HDR et tout)
3. CELINE SALLETTE, dans L’Apollonide (tout le film)
4. MICHAEL FASSBENDER, dans Shame (dans son appart, tranquille)
5. CAREY MULLIGAN, dans Shame (sortie de douche, tranquille)

Les look les plus bath de l’année
1. TAHAR RAHIM, dans L’aigle de la neuvième légion en Na’Vi-like un peu teigneux
2. MICHAEL SHEEN, dans Tron : l’héritage en folle peroxydée
3. SEAN PENN, dans This must be the place en ersatz de Robert Smith
4. JEFF BRIDGES, dans True Grit en cow-boy borgne et barbu
5. VINCENT CASSEL, dans A dangerous method en toxicomane pervers psychotique, barbu aussi (« barbu is the new moustachu »)

Mes nouveaux réalisateurs préférés
1. LARS VON TRIER (Melancholia), après Breaking the waves, Five obstructions, Epidemic, Les idiots, et plein d’autres trucs, quand même
2. ALAIN CAVALIER (Pater) après Ce répondeur ne prend pas de messages, Le filmeur et La rencontre, quand même
3. DAVID O. RUSSELL (Fighter) après Les rois du désert et I heart Huckabees, quand même
4. MAIWENN (Polisse) après Le bal des actrices, quand même
5. MICHAEL WINTERBOTTOM (The trip) quasiment rien vu d’autre, mais quand même

Les réalisateurs qui, par contre, filent un mauvais coton
1. SOFIA COPPOLA qui nous fait SOMEWHERE, après Virgin Suicides, Lost in Translation et Marie-Antoinette, quand même
2. DOMINIK MOLL qui nous sort LE MOINE, après Harry un ami qui vous veut du bien et Lemming, quand même
3. CLINT EASTWOOD qui nous jette au visage AU-DELA, après Mystic River, Million dollar baby et Gran Torino, quand même
4. MICHEL GONDRY qui nous torche THE GREEN HORNET, après Human Nature, Eternal sunshine et L’épine dans le coeur, quand même
5. DUNCAN JONES qui nous pond SOURCE CODE, après Moon, quand même

LA ZICMU

Les bandes originales de l’année
1. Tron l’héritage (Daft Punk)
2. Le discours d’un roi (Alexandre Desplat)
3. Black swan (Clint Mansell)
4. La piel que habito (Alberto Iglesias)
5. Carnage (Alexandre Desplat)
6. Another earth (Fall on your sword)
7. Contagion (Cliff Martinez)
8. Les aventures de Tintin – Le secret de la licorne (John Williams)
9. Beginners (David Palmer, Roger Neill & Brian Reitzell)
10. A dangerous method (Howard Shore)

Les tracklists de l’année
1. La guerre est déclarée avec Laurie Anderson, Ennio Morricone, Sébastien Tellier, Jacno, Yuksek, etc.
2. The tree of life avec Bedrich Smetana, François Couperin, John Tavener, Gustav Holst, Henrik Gorecki, etc.
3. Americano avec Moderat, Georges Delerue, Paul Kalkbrenner, The Doors, Rufus Wainwright, etc.
4. Melancholia avec Richard Wagner, Richard Wagner, Richard Wagner, Richard Wagner, Richard Wagner, etc.
5. Drive avec College, Kavinsky, The Chromatics, Desire, Riz Ortolani, etc.
6. Intouchables avec Ludovico Einaudi, Earth Wind & Fire, Nina Simone, Antonio Vivaldi, Terry Callier, etc.
7. Somewhere avec Phoenix, Bryan Ferry, Sébastien Tellier, Julian Casablancas, T-Rex, Gwen Stefani, etc.
8. Polisse avec Keedz, Breakbot, Urban Species, Antonio Vivaldi, Jean-Sébastien Bach, etc.
9. Les bien-aimés avec Leos Janacek, François de Roubaix, Eileen, Anika, Foals, Everything but the girl, etc.
10. Un amour de jeunesse avec Patrick Street, Miss Kittin & The Hacker, Violeta Parra, Johnny Flynn, etc.

Top 10 des animateurs télé qui ont chanté et ne chanteront plus

En septembre dernier sortait le premier album de Christophe Hondelatte, Ou pas, dont on a appris récemment de la bouche même de l’intéressé que ce serait également le dernier. L’animateur mythique à blouson noir de Faites entrer l’accusé ne veut pas revivre le déferlement de critiques négatives qui se sont abattues sur lui, notamment dans l’émission de Laurent Ruquier, qu’il a quittée pendant son interview-supplice.

Christophe Hondelatte ne sera ni le premier ni le dernier animateur télé à avoir tenté en vain d’élargir son spectre artistique. D’autres avant lui ont essayé ; certains ont eu des problèmes, d’autres ont presque réussi à faire oublier ce passage douloureux de leur existence.

Mais moi je n’oublie jamais. Et aujourd’hui j’ai décidé de ressortir toutes ces pépites méconnues du placard à merveilles que constitue la base de données de Youtube. Et vous en faire profiter, amis lecteurs, car je sais que c’est exactement ce dont vous avez besoin en cette période de morosité automnale et pluvieuse.

 

1. Julien Lepers
« De retour de vacances, mon coeur encore y pense. »
Date du drame : 1978
Tout le monde sait (je crois) que Julien Lepers a composé quelques tubes dans les années 1980, notamment « Pour le plaisir » et « Amoureux fous » pour Herbert Léonard. On sait moins qu’il a lui-même chanté, de sa voix juvénile et nasillarde, ce tube inimitable qu’est « De retour de vacances », donnant lieu à quelques moments télévisuels mémorables, comme celui-ci, introduit par l’inénarrable Nicolas Peyrac. Si l’on oublie une gestion quelque peu hasardeuse du playback (le piano commence à jouer tout seul) et une légère perte de repères à 0:25, la prestation du jeune Lepers est enchanteresse.

 

2. Christophe Hondelatte
« Qui a dit, qui a dit, y a qu’à lui dire qu’il a une tumeur. »
Date du drame : 2011
Après avoir émerveillé le public parisien avec son spectacle « Dans ma maison tu viendras » en 2010, Christophe Hondelatte estime qu’il est temps de transformer l’essai et de sortir un album, enfin, après des années à pratiquer le violoncelle tout seul dans sa chambre comme un pauvre hère. C’est ainsi qu’il écrit, compose et interprète Ou pas (je ne ferai aucun commentaire sur le nom de cet album mais je n’en pense pas moins). Il fait agrafer les dossiers de presse par son beau-frère, les glisse dans la fente de la boîte aux lettres en bas de chez lui. Et un mois plus tard, la critique massacre le fruit d’une vie entière de réflexions musicologiques et réduit à néant ses rêves de gloire. Je vous laisse découvrir le clip de son single, Dr House, qui nous présente une vraie bête de scène, qui grimace, dodeline et fait l’amour à la caméra pendant près de 4 minutes. Il a confessé plus tard avoir été sous traitement médicamenteux lors du tournage.

 

3. Philippe Risoli
« Mais t’es bancal, drapeau rouge, t’as les abeilles. »
Date du drame : 2001
Au début du troisième millénaire, le Juste Prix s’arrête. Son animateur, Philippe Risoli, se recase sur RFM TV et y anime une émission musicale « Les copains d’abord ». En entendant tous ces tubes, une idée folle germe dans son esprit désormais libre et ouvert à toute nouvelle impulsion vitale, « et si je mettais enfin ma voix incroyable au service de la musique ». C’est donc tout naturellement que Philippe Risoli sort Autrement, un album de chansons qu’il décrit lui-même proches du style de Louis Chedid. On retrouve en effet l’influence majeure du fameux compositeur de « Anne ma soeur Anne » dans cette ôde aux bananes flambées que je vous présente ici. On appréciera également les tremolos à la Michel Berger dans certaines phrases du couplet (« ça devrait marcher, ça marche pahaha »).

 

4. Passe-partout
« Et le plus vite possib’, il faudra toutes les clés. »
Date du drame : 2005
C’est l’histoire d’un nain tout à fait épanoui dans son travail de nain. Alors le nain, il décide d’écrire une chanson sur son travail, le nain. Ensuite le nain va à Auchan, achète le Bontempi le plus cher (pour que le résultat soit quand même un peu quali) et compose une mélodie rythmée et entraînante sur lesquelles il pose sa voix de crooner, le nain. Puis le nain va sur Direct 8 et défend son morceau sous les regards médusés des animateurs de « Jeux sans enjeu », qui se targuaient cinq minutes plus tôt de prendre « la place un peu d’avant tout le monde ». Pour tout vous dire, j’avoue que j’ai très peu d’infos sur Passe-Partout mais j’ai beaucoup réfléchi sur cette personne, sa fonction dans la société (nain à la télé), et également sur cette vidéo qui est assez célèbre. Donc je vais me contenter de conclure modestement par cette remarque : un nain qui chante c’est quand même assez marrant.

 

5. Stéphane Bern
« Je t’ai pas regardé, pas vu, tu dois me prendre pour une dragonne. »
Date du drame : 2009
Avant de triompher au cinéma dans des films pornos en costumes (du moins je présume qu’il s’agit de cela au regard de cette bande-annonce), Stéphane Bern a commencé sa carrière d’artiste dans un album de chansons caritatives (ou plutôt un livre d’histoires avec des chansons, d’après ce que j’ai compris), où ses talents déclamatoires éclatent au grand jour dans un slam nommé « Le plus beau poème d’amour ». Malheureusement aucun clip n’existe pour ce beau poème, donc vous vous contenterez de ce simple lien. Courez-y, vous ne le regretterez pas.

 

AVERTISSEMENT : Pour la deuxième partie de ce top je vous laisse vous organiser pour faire vous-mêmes les commentaires drolatiques. J’ai besoin de repos, après avoir réécouté tout ça.

 

6. Noel Mamère
Date du drame : 1980

 

7. William Leymergie
Date du drame : 1984

 

8. Bernard Montiel
Date du drame : 1989

 

9. Sophie Favier
Date du drame : 1984

 

10. Dorothée & Hélène Rolles
Date du drame : 2010

 

Typologie des causes de déchéance du cinéma comique français

Dans le paysage cinématographique et humoristique français (le PACHUF), le ciel s’est quelque peu assombri ces dernières années. Quand on dresse le pré-bilan de cette année 2011, même après mûre réflexion, il est difficile de trouver une meilleure comédie sortie sur les écrans que Low Cost de Maurice Barthélémy, qui souffre pourtant d’une certaine quantité de défauts.

MAIS QUE S’EST-IL PASSE ?? me demandez-vous. Ce à quoi je vous réponds en trois points :
– Nette baisse de régime des patrons, notamment Francis Veber dont le dernier soubresaut date de 2002 (Tais-toi !), Claude Zidi qui se contente désormais de téléfilms avec Pascal Légitimus pour occuper ses vieux jours, ou encore Patrice Leconte qui annonce tous les ans son retrait du monde du cinéma.
– Arrivée de successeurs malheureusement peu nombreux à être capables d’insuffler un nouvel élan au genre. Pour l’instant ils se comptent sur le doigt d’une main : Riad Sattouf, Gustave Kervern & Benoît Delépine, Quentin Dupieux, Michel Hazanavicius (ces deux derniers étant fréquemment attirés par d’autres sirènes).
– Pléthore de film malades, souffrant de symptômes divers mais identifiables. D’ailleurs je me propose de faire l’inventaire des maux courants du cinéma d’humour français, en prenant pour cas d’étude les navets sortis en 2011, qui constituent à mon avis un panel représentatif de la production actuelle.

ERREUR N°1 : COMPTER SUR LA PRESTATION DESOPILANTE DES ACTEURS

1.a. Casting has-been
Tout le monde n’a pas une force comique innée, encore moins Charlotte de Turckheim (La Croisière) ou François-Xavier Demaison (La chance de ma vie). L’erreur de ce genre de comédie est de croire que, parce que le tournage s’est passé dans une atmosphère joviale et rigolarde, que l’ambiance était incroyablement bon-enfant, et qu’on s’est beaucoup amusé sur le plateau le jour où Antoine Duléry s’est pointé habillé en femme (ha ha ha la scène où il oublie qu’il est travesti et reprend sa voix d’homme, du jamais-vu), le spectateur sera nécessairement happé par l’enthousiasme ambiant. Mais non, quand les gags sont éculés et les personnages caricaturaux (surtout joués par Marilou Berry ou Jean Benguigui), les seuls motifs de satisfaction, s’il faut en trouver, restent les exploits personnels d’Armelle ou d’Elie Semoun, c’est dire.

1.b. Surjeu et prise d’accent
Dans Les Tuche, Jean-Paul Rouve et Isabelle Nanty prennent (avec un certain talent) un accent qui ne semble venir d’aucune région, appelons-le l’accent beauf. Evidemment, c’est avec une extrême tendresse qu’Olivier Baroux traite ses personnages, motif souvent évoqué pour se permettre de repousser les limites de la condescendance. Même punition pour Beur sur la ville et Halal police d’état, qui sous couvert de tolérance et d’anti-racisme nous présentent des représentants de minorités visibles flanqués d’accents factices et insupportables, qui constituent dès lors le seul ressort de comédie (conséquence directe de l’apparition du syndrôme Doudou, une des nombreuses plaies infligées à l’humour français par le tandem infernal Omar & Fred).

 

ERREUR N°2 : AVOIR TROP D’AMBITION

2.a. Le film-concept
Quand on est un auteur de BD respecté (comme Pascal Rabaté) et qu’on décide de faire un film, on ne peut décemment pas faire comme les autres, il faut que ce soit un peu concept, un peu original. Alors on décide de faire un film sans parole, on décide de devenir le Tati de l’an 2011, et on fait Ni à vendre ni à louer. Et les gens, dans la salle, se font bien chier la bite.

2.b. Le film qui dénonce
Quand on n’a plus rien à prouver après avoir signé nombre de comédies populaires (comme Cédric Klapisch), il faut prendre un tournant un peu destroy, il faut un peu faire dans la dénonce. Surtout que c’est la crise, quand même. Du coup, on a presque envie de se prendre pour Ken Loach, on croit que c’est le moment de passer un cap. Alors on dit que Gilles Lellouche est un trader, que Karin Viard est une bonniche et on fait Ma part du gâteau. Et on se ramasse.

2.c. Le combo concept/dénonce
Par contre quand on est un peu un nobody (comme Audrey Estrougo, Stéphane Kazandjian ou Xavier Durringer), il faut vraiment se démarquer. Alors on choisit de faire une comédie musicale avec Leila Bekhti et Benjamin Siksou par exemple (Toi, moi, les autres), mais une comédie musicale qui dénonce grave l’expulsion des sans-papiers avec des chansons qui font pleurer, entre deux éclats de rire (hopefully). Ou alors on décide d’inventer le concept de documentaire à la Michael Moore mais fictionnel, et on met Laurent Lafitte et FX Demaison dedans, et on en profite pour dénoncer la crise et les salauds de banquiers qui nous gouvernent (Moi Michel G, milliardaire, maître du monde). Ou alors on tente carrément d’être subversif à mort, et on s’attaque au biopic de Sarkozy, et on fait La Conquête, sans angle, sans idée, sans mise en scène. Trop d’ambition mal placée tue le cinéma ; échec cuisant dans les trois cas.

 

ERREUR N°3 : OUBLIER D’ÊTRE DRÔLE

3.a. La comédie douce-amère
Quand on ne sait pas trop faire rire, le plus simple c’est de prendre un thème un peu passe-partout, sujet aux rires et aux pleurs, comme la relation père-fils (Mon père est femme de ménage), l’immigration (Les femmes du 6ème étage), l’échec social et/ou amoureux (Itinéraire Bis), et de jouer la carte du doux-amer. Le problème c’est qu’au final, ce n’est souvent ni doux, ni amer, ni drôle. Heureusement, parfois, Luchini et Cluzet sont là pour réhausser le niveau (mais pas Leila Bekhti)

3.b. La promenade de santé
Tu veux tourner un film comique et tu n’as pas trop d’idées ? Qui es-tu ? Ah, tu es Dominique Farrugia ? Alors c’est très simple, tu as de l’argent et une petite crédibilité donc tu n’as qu’à te brancher en mode buddy-movie, embaucher deux acteurs connus et rigolos (Franck Dubosc – Richard Berry) et hop c’est parti. Ça donne Le marquis, film sympathique, pas désagréable à regarder, mais jamais drôle. Le spectateur en gardera la même sensation qu’après un Paris-Reims en TGV passé à voir défiler les champs de maïs et les forêts de conifères. Si tu as trois acteurs connus et rigolos (Dubosc-Darmon-Lemercier), ça peut être (un peu) plus intéressant déjà (Bienvenue à bord).

 

Les maillons faibles de l’humour français

Bonjour cher lecteur,

Pour aujourd’hui j’ai décidé de dresser la liste des 23 plus mauvaises comédies du cinéma français ces dernières années. Et j’ai décidé d’en désigner les responsables. Ceux qui sont toujours là quand le film est nul à chier. Ceux dont on finit par se dire « Quoi ? _________ est dedans ? … Bon on va voir autre chose. »

Les voici, les voilà, les MAILLONS FAIBLES DE L’HUMOUR FRANÇAIS.

(cliquer sur l’image pour voir cette superbe infographie sous son meilleur jour)