Ce à quoi je répondrai : « c’est une vaste question ». C’est vrai que depuis Cannes, on n’est pas spécialement gâté. Je ne serai donc pas porteur de bonnes nouvelles. La plupart des films sortis récemment sont d’infectes bouses, mais tout ça finalement, n’est-ce pas une notion toute relative ? Au moins on pourra dire qu’il y en a pour tous les goûts. Et je le prouve maintenant !
(je précise, cher lecteur, que je suis parfaitement conscient que cette petite introduction est la plus laborieuse que j’aie écrite depuis le lancement de ce blog, et je m’en excuse platement)
Si tu aimes… le cinéma fantastique japonais gonflant (jeu de mot)
Tu apprécieras… AIR DOLL (Hirokazu Kore-Eda)
C’est l’histoire d’une poupée gonflable qui devient vivante. Pendant plus de deux heures, la pauvresse va se rendre compte à quel point c’est triste d’être un être humain, déambulera dans les rues, ramassera des objets sur la plage, ira rencontrer son créateur et atteindra l’orgasme, le vrai, regonflée par un employé de vidéo club. Lourd.
Si tu aimes… qu’un plan se déroule sans accroc
Tu apprécieras… L’AGENCE TOUS RISQUES (Joe Carnahan)
En voilà un film qui ne mange pas de pain mais qui se laisse regarder tranquillement. Un pur divertissement, assez marrant, des petites vannouzes à chaque coin de réplique, des scènes de grand n’importe quoi aérien (atterrissage en tank, etc.), des acteurs qui s’éclatent. Agréable.
Si tu aimes… les films de prison tout ce qu’il y a de plus habituel
Tu apprécieras… DOG POUND (Kim Chapiron)
Trois délinquants dans une prison. Brimades, provocations, insubordination, racket, enculade dans la buanderie, on reste dans du très classique. Toutefois, Chapiron trouve un angle inédit en montrant l’impuissance totale des surveillants face à la loi de la prison. Son film laisse malgré tout une forte impression de déjà-vu. Ordinaire.
Si tu aimes… être surpris par un film avec des vieux sorti de nulle part
Tu apprécieras… LES PETITS RUISSEAUX (Pascal Rabaté)
Avec un sujet pas très ragoûtant (la sexualité des vieux), Pascal Rabaté réussit à raconter une histoire plutôt drôle avec une finesse rare et un optimisme jamais béat. Daniel Prévost est parfait dans ce feel-good movie à la française, qui n’est pas sans rappeler Une histoire vraie de David Lynch (transposée dans le terroir angevin) et qui ne recule devant aucun tabou (une scène de sexe entre Daniel Prévost, 70 ans, et Hélène Vincent, 66 ans, fallait oser). Frais.
Si tu aimes… les huis-clos rocambolesques
Tu apprécieras… LA DISPARITION D’ALICE CREED (J Blakeson)
Un titre énigmatique, Gemma Arterton à poil (ça c’est juste pour booster mon référencement google), deux kidnappeurs plus ou moins gays, ça ne suffit malheureusement pas pour tenir le spectateur en haleine. Sur un point de départ déjà assez peu crédible, J Blakeson ne parvient à élaborer que des situations encore moins plausibles, réduisant les quelques moments de tension à de bien tristes frissonnements. Passable.
Si tu aimes… le show burlesque en Charente-Maritime
Tu apprécieras… TOURNEE (Mathieu Amalric)
Tout y est dans ce road-movie décalé, porté par un Mathieu Amalric brillant des deux côtés de la caméra. En restituant avec un réalisme fascinant la tournée d’un show d’effeuilleuse burlesques, c’est bien d’autres choses qu’il raconte, la célébrité, le corps, les femmes, la famille, la vie. Attachant.
Si tu aimes… les humanoïdes hermaphrodites
Tu apprécieras… SPLICE (Vincenzo Natali)
En voulant lorgner du côté de Cronenberg, le réalisateur du sympathique Cube se prend le mur à angle droit. Prenant pour protagonistes un couple de scientifiques zélés mettant au monde une créature d’une nouvelle espèce, il n’arrive jamais à choisir entre le film d’épouvante type Frankenstein et le film à thèse ambitieux. Résultat, on n’est pas tenu en haleine une seconde et on reste affligé devant ce spectacle malsain et grotesque, au scénario mal branlé et pollué de considérations psychanalytiques vaseuses. Ridicule.